XXe siècle | Saint-Wendel 1961-1999 |
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Saint-Wendel 1961-1999
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Première
partie : 1961-1990 LE RÉGIMENT embarque à Oran dans
les premiers jours d'octobre 1961 et arrive à Saint-Wendel le 14 octobre 1961. Il renoue
ainsi ses liens avec une région que son histoire lui a fait souvent traverser au cours de
ses trois siècles d'existence. Il est accueilli par les éléments
post-curseurs du 22e Régiment de Spahis qui ont emporté leurs EBR (Engin
Blindé de Reconnaissance) au 1er Régiment de Spahis de Spire. Il s'installe
dans le quartier Tritschler comme régiment de chars moyens à trois escadrons de M 47
PATTON, un escadron AMX 13 et un escadron de commandement et de soutien. Le quartier
Welvert est réservé à une partie du Bataillon de soutien de la Brigade (401e
BCS). Reprenant un
quartier vaste et en bon état le lieutenant-colonel Boully, nouveau chef de corps du 1er
Régiment de Cuirassiers , s'attache tout d'abord à réorganiser son régiment qui adopte
une vie de quartier de temps de paix plus stable qu'en Algérie et en cherchant à effacer
les déchirures dues
aux événements de l'époque. En effet, les
conséquences de la guerre d'Algérie se font sentir même après le retour en France : en
1962, un lieutenant du Régiment déserte en empruntant une jeep jusqu'à la frontière
pour rejoindre l'OAS. Au sein de la 1re Brigade
Mécanisée dont l'état-major stationne à Saarburg, le 1er Régiment de
Cuirassiers retrouve un rythme de vie de régiment en métropole avec des manuvres
sur les camps
de Mailly, Mourmelon, Sissonne,
Münsingen et Stetten. Il dispose aussi du camp de Baumholder, situé en zone d'occupation
française, géré par les Français. Le 1er Régiment de Cuirassiers profite énormément
pendant cette période de ce camp tout proche qui permet de tirer à toutes les armes et
même de faire des tirs indirects. Pour les campagnes de tir
régimentaires, le 1er Régiment de Cuirassiers part au camp de
Bergen Hohne (camp anglais au nord de Hanovre) où il effectue de véritables camps de tir
régimentaires. Le rythme des activités s'intensifie
et la vie de garnison est agréable, car de nombreuses festivités sont organisées
pour le Carnaval, la Saint-Georges, le 14 Juillet
Les relations avec la ville de
Saint-Wendel sont cordiales mais peu fréquentes. Les autorités de la ville et du Land
sont invitées lors de la Saint-Georges et au 14 Juillet, mais l'époque ne se prête pas
encore à des relations aussi chaleureuses qu'aujourd'hui. En effet, il faut attendre la fin de
l'isolement de l'Allemagne avec l'accord de Gaulle-Adenauer, l'oubli de la guerre
d'Algérie et le départ de la France de l'OTAN pour que les relations avec les Allemands
se resserrent. A l'été 1963, le 1er Régiment de Cuirassiers prend contact
avec le 144e Panzerbataillon de Koblenz. Le jumelage officiel aura lieu en
1966. Sous le commandement et l'impulsion du lieutenant-colonel Buf, des liens se
tissent grâce à des rencontres sportives avec les villages environnants, des échanges avec le
régiment parachutiste de Lebach et le régiment du train de Hermeskeil. Les contacts se poursuivent. En 1967,
le lieutenant-colonel Loizillon avec le maire de Saint-Wendel, M. Graff, recrée le club
franco-allemand qui existait à l'époque du 2e Régiment de Cuirassiers de
1951 à 1960. Ce régiment avait d'excellents contacts avec la population de Saint-Wendel
et de ses environs. Les coupures de presse au moment du départ du 2e Régiment
de Cuirassiers en témoignent. Afin de s'ouvrir encore plus au
milieu allemand, le lieutenant-colonel Loizillon organise les premières portes ouvertes
au quartier Welvert en mai 1968. Il y a une grande affluence et c'est un succès. A l'été 1969, l'escadron AMX 13 SS
11 du capitaine de La Presle est dissous, remplacé par le 5e escadron,
escadron porté sur AMX 13 VTT (Véhicule Transport de Troupes). Le capitaine Houbre
en prend le commandement. A partir de 1969, le 1er
Régiment de Cuirassiers commence à reverser les PATTON pour percevoir les AMX 30. Ce
changement de matériel s'échelonne sur un an. C'est une période difficile à vivre pour
tous, car le chef d'escadrons Charron, chef des Services techniques au 1er
Régiments de Cuirassiers, demande aux cadres de reverser des PATTON dans le meilleur
état avec des lots de bords complets. Or, dans le cadre du plan Marshall, les PATTON sont
rassemblés à Saint-Eulien près de Saint-Dizier, afin d'être rendus aux Américains ou
rachetés par la France pour servir de cibles sur
les camps français. C'est ainsi que les cadres retrouvent leurs chars qu'ils avaient « bichonnés » comme cibles à Mailly ou
Mourmelon. Le 1er Régiment de
Cuirassiers reçoit cinquante-quatre pilotes engagés de Carpiagne et chaque escadron passe une semaine à Kaiserslautern pour la formation technique sur
AMX 30. Ensuite, dès la fin de la perception, l'escadron part par la route au CIDB
(Centre d'Instruction de Division Blindée) de Trêves pour une semaine de « ménagement
», c'est-à-dire de roulage. En 1970, le 1er Régiment de
Cuirassiers est entièrement équipé et devient un régiment à quatre escadrons de
treize chars AMX 30, un escadron porté et d'instruction AMX 13 VTT et un escadron de
commandement et de soutien. Dès 1974, l'escadron porté et d'instruction est dissocié en
deux escadrons, l'un porté, l'autre d'instruction devenant le 11e escadron. Durant les années 1970, les
escadrons mènent une vie trépidante avec deux à trois camps régimentaires, un camp
escadron à Münsingen et un CEC (Centre d'Entraînement Commando) par an. Le général commandant la 1re
Brigade Mécanisée vient visiter régulièrement le Régiment, s'intéressant à
l'instruction et aux nouvelles réalisations comme l'installation du tir réduit GENSHOW
(1975). Le Régiment apprend à franchir avec ses chars et le premier franchissement a
lieu à Bitche le 2 novembre 1976, après la découverte de l'instruction piscine à
Saint-Wendel et du « caisson » à Mourmelon. C'est en 1983 que le colonel Curé
entreprend les démarches afin d'homologuer
le caisson de l'Hinstwerk 860 à Saint-Wendel. Le Régiment dispose alors du caisson
allemand dès 1984. Les relations franco-allemandes se
renforcent grâce à de nombreux échanges avec le 144e Panzerbataillon de
Koblenz (plus tard le 344), des visites interalliées sur la base aérienne allemande de
Sobemheim (Bad Kreuznach), le Régiment parachutiste de Lebach, le Régiment du Train
d'Hermeskeil et le 860e Bataillon du matériel de Saint-Wendel. Sous
l'impulsion du lieutenant-colonel Pons, tout est tenté pour améliorer les rapports avec
nos amis allemands, que ce soient les contacts avec les autorités, les invitations, les
échanges et même l'apprentissage de la langue allemande par les cadres et cuirassiers,
comme en témoigne le journal du Régiment de l'époque, « Turenne Actualités ». Le
Régiment entretient également des relations régulières et chaleureuses avec le 2/68th
Bataillon américain de Baumholder. En 1977, la Société Hippique
Nationale est créée, sous l'impulsion du capitaine Michel, gendre du général Massu,
qui récupérera des chevaux allemands et même tchèques. Depuis, la garnison profite de
ce loisir rare dans les régiments. En juin de cette même année,
trente-trois ans après sa destruction pendant la campagne de France, le SHERMAN «
Montebello » revit dans les murs de Turenne-Cavalerie. Ce SHERMAN, qui servait de cible
LRAC au CEC de Trêves, est récupéré par le lieutenant-colonel Pons et la restauration
est réalisée par le maréchal des logis-chef Vigne et son équipe. Le maréchal des
logis-chef Beaurepère refait entièrement l'armement du char. Depuis cette époque, le
char mémorial est placé à l'entrée du quartier. En 1978 les deux brigades mécanisées
qui forment la 1re Division Blindée disparaissent pour laisser
place à la 1re Division Blindée telle qu'elle existera jusqu'en 1991. Avec la
restructuration de la 1re Division Blindée, est créé l'Escadron d'Éclairage
Divisionnaire (EED) qui vient s'installer à Saint-Wendel et qui est, à partir de cette
date, rattaché au 1er Régiment de Cuirassiers et pour emploi à la 1re DB.
Les matériels et les cadres de la compagnie d'éclairage de la brigade mécanisée de
Saarburg viennent former l'ossature de ce nouvel escadron. Les canons de 106 sans recul
sur jeep sont retirés afin de former trois pelotons d'éclairage sur jeep et un peloton
radar RASURA sur camionnette. Le capitaine Métais prend le premier
commandement du nouvel EED n°1. Avec l'arrivée de l'EED et la restructuration de la 1re
DB, le 401e Bataillon de Commandement et de Soutien est dissous après
dix-sept années de présence. Son départ donne lieu à une grande prise d'armes dans le
quartier Welvert avec remise de décorations. Depuis le retour d'Algérie en 1961, le 401e
BCS assurait le soutien de la 1re Brigade Mécanisée. L'élément de
Saint-Wendel comprenait les transmissions, le peloton de circulation et une partie de
l'escadron de transport. A partir de cette époque et après les efforts du lieutenant-colonel Pons, la plupart des chefs de corps suivants nouent avec la ville de Saint-Wendel et ses différentes autorités des relations que l'on peut appeler aujourd'hui des relations d'amitié franco-allemande. Le successeur du lieutenant-colonel
Pons, le lieutenant-colonel Boquet, a d'autant plus de facilités qu'il a servi au 1er
Régiment de Cuirassiers en tant que chef du BOI quelques années auparavant et qu'il s'est alors lié d'amitié avec quelques personnalités allemandes.
Il donne le stand de tir Hubertus à la municipalité. Les chefs de corps suivants
poursuivent ces efforts d'intégration et laissent un excellent souvenir à tous les
Wendelinois qui les connurent. En 1984, le 1er Régiment
de Cuirassiers change de structure et devient un régiment à soixante-dix chars. Le 5e escadron
porté, équipé d'AMX 10 P est dissous. Chaque escadron est doté de dix-sept chars AMX
30 B au lieu de treize et d'un peloton porté sur VAB. En 1990, il perçoit des AMX 30 B2 H neufs qu'il
échange en octobre avec ceux du 4e Régiment de Dragons (AMX 30 B2 S) qui doit partir en
Arabie Saoudite. Les événements survenus en
Allemagne à la fin des années 1980 conduisent à un retrait progressif des Forces
françaises stationnées en R.F.A. Ne sachant quelle décision serait prise à propos du 1er
Régiment de Cuirassiers, le maire de Saint-Wendel, M. Bouillon, entreprend dès 1990 des
démarches demandant le maintien de la garnison française dans sa
ville. Il
écrit au ministre des Affaires étrangères, M. Roland Dumas, et au
général de corps d'armée Chazarain, commandant le IIe CA et les FFA.
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