XXe siècle

La Seconde Guerre Mondiale : Années 1943 à 1945

 

 

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Combat dans les Vosges (Photo ECPAD)

 

 

 

 

 

 

En approche de Colmar

 

 

 

 

 

Approches de Colmar (Photo ECPAD)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Combat dans Colmar

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le char "Picardie" du colonel du Breuil cdt le 1er cuirs défilant dans Colmar  (Photo ECPAD)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le général de Lattre de Tassigny salue le colonel du Breuil à Colmar

 

 

 

 

 

 

 

 

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La bataille pour la libération de Colmar


 Extrait du Journal de Marche du 2e escadron du 1er cuirassiers :

(…) 20 janvier 1945

Le départ a lieu à 08h30 de LA PETITE FOSSE. L’itinéraire est: PROVENCHERES - ST DIE – FRAIZE - LE BONHOMME. L’escadron est orienté sur LAPOUTROIE où il doit cantonner.

 22 janvier 1945

Journée tranquille à LAPOUTROIE. Les chars sont blanchis à la chaux. Les paquetages sont enveloppés dans des étoffes blanches. Les chefs de char se font des cagoules.

 23 janvier 1945

Il neige. L’ordre de mouvement arrive le soir. Il s’agit de prendre COLMAR. Les Américains doivent commencer l’attaque dans la nuit et passer la FECHT et L’ILL. L’Escadron se porte à RIQUEWIHR pendant la nuit.

 24 janvier 1945

Le froid est intense et la neige qui continue à tomber empêche l’aviation de sortir, favorisant ainsi l’ennemi.

 25 janvier 1945

Les têtes de pont sur l’ILL sont agrandies, mais la situation évolue lentement.

 26 janvier 1945

Le CC 4 doit pousser sur la rive droite de l’ILL vers le sud. Le sous-groupement de PREVAL, en réserve, se porte au pont de la Maison Rouge, pour parer à d’éventuelles contre-attaques. Nuit passée dans les chars avec –20° dehors.

29 janvier 1945

On annonce que le Canal de COLMAR est atteint, HOLTZWIHR et WICKERSCHWIHR pris.

30 janvier 1945

Quatrième nuit dehors. Le froid augmente encore, atroce cette fois-ci. L’Escadron passe à HOLTZWIHR, WICKERSWIHR. traverse le CANAL et couche à BISCHWIHR qui vient d’être pris par l’infanterie américaine et qui fume encore.

31 janvier 1945

L’opération prévue sur ANDOLSHEIM est reportée. Journée calme et tiède : le dégel a commencé brusquement dans la nuit.

1er février 1945

L’escadron, à neuf chars, nettoie les bois qui séparent FORTSCHWIHR de NEUF-BRISACH. Attaque normale, sans pertes; peu de prisonniers: une vingtaine à HEXENACKER. Tirs des chars à grande distance sur la route APPENWIHR - LOGELHEIM. Plusieurs camions sont détruits. Des coups au but sont marqués par un Jagdpanther.

A 18h00. le sous-groupement est relevé par les Américains. Il remonte vers 20h00. sur BISCHWIHR et va prendre position près d’OSTHEIM au milieu de la nuit, en vue d’attaquer COLMAR par le Nord.

2 février 1945

A 06h30 le sous-groupement démarre. Le CC 4 attaque COLMAR. Le sous-groupement de PREVAL doit traverser, la ville en vitesse, nord-sud, et établir ensuite des bouchons face au sud et à l’ouest. Le peloton COURSON en tête tombe sur le fossé antichars et doit le contourner pour finalement entrer dans la ville par la route 83. Les Allemands sont surpris, et n’attendaient pas l’attaque sur ce côté-là. Pour l’escadron, pas de résistances importantes, mais de petits groupes qui s’attaquent surtout à l’infanterie. Le "Lynx" est bazooké, le MdL MORINAUX tué. 2 blessés dans le char. La Légion a 14 tués ou blessés.

Malgré cela, le sous-groupement traverse la ville, assez compact, sans gros accrochages. Des prisonniers sont ramassés sur la place Rapp. Le sous-groupement atteint la Croix-Blanche, puis l’agglomération côtée 214 devant WINTZENHEIM, vers 12h30. C’est l’objectif fixé. On y fait quelques prisonniers, un camion est détruit, ainsi qu’une pièce d’artillerie et une camionnette. Le Commandant de PREVAL est sérieusement blessé à 16h30 et évacué aussitôt. Le Capitaine de LESPARDA prend le commandement. A 16h30, pendant que le 3e escadron va prendre WINTZENHEIM, l’escadron entre dans WETTOLSHEIM. (…)


Extrait des Mémoires de guerre de notre camarade

Barthélémy PAUL, ancien du 2e escadron :

(…) 1er Février 1945

Le dégel a transformé la plaine d’Alsace en un vaste bourbier, coupé de rivières en crue. Une dépression barométrique à fait soudain remonter le thermomètre à deux ou trois degrés sous le soleil d’hiver. Les chenilles de nos blindés ont transformé les routes en patinoire. Les gelées nocturnes ne parviennent plus à solidifier le sol de façon permanente. Le dégel arrive et avec lui la boue. Nous ne sommes plus que neuf chars à l’escadron. Nous partons nettoyer les bois qui séparent FORTZWIHR de NEUF-BRISACH.

Dés notre arrivée dans les bois, nous sommes pris par des rafales d’armes automatiques. Aussitôt branle-bas de combat. Nous ouvrons le feu sur tout ce qui bouge. L’ennemi se jette dans la neige à plat ventre. On les voit faire des signes désespérés vers leurs arrières. Ce sont quelques pointes avancées gui se trouvent là.

C’était un des premiers combats importants depuis notre départ d’ORBEY. Prises dans une nasse, ces troupes ennemies avancées étaient épaulées sur leurs arrières par tout un corps d’armée. Elles essayent de desserrer l’étau qui se resserre chaque jour davantage. Certains secteurs ne sont protégés que par quelques points d’appui faiblement tenus. Nous faisons des prisonniers.

Tirs de char à grande distance sur des axes précis où plusieurs camions ennemis sont détruits... Vers 18h00, nous sommes relevés par les américains. Nous remontons vers 20h00 sur BISHWIHR au milieu de la nuit et prenons position prés d’OSTHEIM en vue d’attaquer Colmar par le nord.

2 Février 1945

06h30 : nous démarrons pour attaquer Colmar. Nous devons traverser la rivière de l’ILL à la hauteur d’OSTHEIM pour être en place avant le jour au nord d’HOUSSEN, face à Colmar.

Nous ne disposons plus que de 23 chars au régiment auxquels s’ajoutent des légionnaires du RMLE qui constituent notre infanterie d’accompagnement et de cinq chars destroyers du 1er régiment de chasseurs d’Afrique.

Nous nous infiltrons vers l’ensemble de bois et de bosquets qui se situe entre la rivière la Fecht et la voie ferrée. Vers 01h30 notre char de tête se heurte à un fossé anti-char faiblement battu par le feu de l’ennemi, mais infranchissable sans bulldozers, d’ailleurs aussitôt réclamés. Il y a des champs de mines partout. Le tracé à faire suivre aux chenilles à travers les mines reconnues et les mines supposées, est étudié avec soin.

Enfin notre lieutenant découvre en se rapprochant de la route nationale 83, un chemin de terre longeant des excavations pleines d’eau d’une gravière qui conduit par les quartiers d’artillerie derrière des barricades et obstacles ...Tout autour de nous c’est l’horreur : de nombreux cadavres de fantassins américain sont couchés dans des poses grotesques, comme momifiés. Il y en a un qui n’a pas pu franchir un abri contre un mur, une rafale a du le cueillir avant qu’il n’y arrive.

Nous redémarrons et nous nous infiltrons avec l’aide des légionnaires le long des casernes et débouchons sur la nationale 83. La réaction ennemie est à peu prés nulle. Nous ne sommes probablement pas attendus de ce côté-ci. L’ennemi est surpris mais il réagit aussitôt, embusqué entre les portes cochères au coin des rues. Notre infanterie se heurte à une vigoureuse résistance ennemie à base de bazookas et de snipers tirant à partir des soupiraux des caves et des lucarnes des toits.

Aussitôt les fantassins bondissent des plate-formes de nos chars ainsi que des half-tracks en cherchant un abri le long des maisons, plusieurs d’entre eux tombent. La situation dans les rues devient intenable, sauf pour les équipages des chars qui tous volets fermés, criblent de leurs feux de mitrailleuses les fenêtres et ouvertures suspectes. Nous déplorons la perte d’un de nos chefs de char et de deux hommes d’équipage qui sont blessés; un sous-officier infirmier, malgré son brassard de la Croix-Rouge, est tué à bout portant en secourant les blessés.

En prenant par une transversale, nous débouchons sur la place Rapp ou nous prenons à partie un groupe ennemi. Nous avons un sérieux accrochage vers 11h30 du côté de la caserne WALTER, tandis que derrière nous un autre sous-groupement nettoie la partie nord-est ou les combats font rage.

Continuant notre progression, nous arrivons prés de la gare à toute vitesse. En passant sur la voie terrée, j’ai une vive émotion. Un ennemi armé d’un « panzerfaust » sort brusquement d’une porte cochère, se met en équilibre sur ses jambes et sans hésiter tire dans notre direction. Etant le char de tête j’ai vu la mort arriver de face mais heureusement son tir étant extrêmement distant il n’eut aucune efficacité. Je n’ai vu qu’une immense flamme rouge enveloppant notre char et entendu le bruit des éclats d’acier venant s’écraser sur le blindage. Ouf ! j’ai bien cru ma dernière heure arrivée. Le char suivant a eu du réflexe et la main lourde, et quand le coup de l’autre est parti, la riposte a joué en une fraction de seconde.

Enfin, ayant passé le pont du chemin de fer, nous atteignons notre objectif final prés de la cité des Vosges sur la route de WINTZENHEIM ou l’on s’installe en bouchon après avoir récupéré un canon, détruit deux camions et fait quelques prisonniers.

A 16h30,nous rentrons dans .le village de WETTOLSHEIM où nous chassons les dernières troupes ennemies qui vont se réfugier sur les premières pentes des Vosges. C’est avec une joie délirante que nous sommes accueillis par la population.

Depuis notre débarquement, nous n’avions plus couché dans de bons draps frais. On nous à gave de mets succulents, et on nous arrose de vin d’Alsace...

De partout l’ennemi craque. Nos troupes ratissent toutes les vallées vosgiennes ou se traîne encore une des unités ennemies fortement morcelée. 20.000 prisonniers restent entre nos mains, c’est un tableau déchirant qui passe devant nous dans une résignation tragique. Après avoir atteint les premiers contreforts des Vosges, notre épopée n’était pas encore terminée puisque deux mois de combats nous séparaient encore de la fin des hostilités.

Nos soldats partis d’ALGER, d’ORAN, de BÖNE, de BIZERTE et de CASABLANCA, avaient encore devant eux deux mois de marche forcée, de colonnes roulants dans la boue et la neige et d’attaques meurtrières. Encore deux mois de baroud, de manœuvres, de fatigues, de charges d’escadrons blindés contre un ennemi aux abois, toujours solide et courageux. Un ennemi qui allait défendre son territoire jusqu’à la mort. (…)

 

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