Le Régiment du Vicomte de Turenne

Colonel-Général (1651-1715) : de Mazarin à Louis XIV

    

Les Origines (1635)

Mort de Turenne

Période 1715-1792

 

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  Portrait de Turenne

 

 

 

 

Turenne à la bataille des Dunes (1658)

 

 

 

 

 

 

 

 

Turenne, campagne d'hiver 1674-1675

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  Mestre de Camp, Colonel Général de Cavalerie (1700)

 

    

   

 

 

 

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Le 3 juin 1651, le Régiment devient la propriété  d'Henri  de  La  Tour d'Auvergne,  vicomte  de  Turenne.  Le24 avril 1657, Turenne, converti au catholicisme, devient colonel général de la cavalerie, charge qu'il occupe depuis la mort du duc de Joyeuse (1654), mais que Mazarin refusait de reconnaître avant qu'il eût abjuré son protestantisme.

Ce titre de Colonel-Général a deux conséquences importantes pour Turenne-Cavalerie : sa 1ère compagnie (seule permanente du Régiment) reçoit en dépôt la Cornette Blanche ; elle prend de droit le premier rang dans la cavalerie.

«L'état de la France» (édition de 1748) nous donne des renseignements intéressants sur les prérogatives  attachées  à ce titre  :  «(... )  il campe toujours à la droite de l'armée et occupe les premiers postes dans les marches, c'est-à-dire l'avant-garde ou l'arrière-garde, suivant la position des ennemis (...) il a de grandes préférences pour les livraisons de pain et de fourrage (...). Dans tous les endroits où se trouvent plusieurs régiments avec lui, après que les  majors  ont fait  des  lots  de  logements  ou  casernes, il choisit celui qu'il veut (...) son  étendard, la Cornette Blanche, ne salue que le roi, les princes du sang, le colonel général et les généraux d'armée maréchaux de France. Lorsque  l'armée est rangée pour marcher, et que le régiment Colonel se mettant en marche passe devant la ligne de cavalerie, les régiments montent à cheval, et saluent de leur étendard le Cornette Blanche (...) »

Colonel-Général participe aux principaux conflits du règne de Louis XIV : la guerre franco-anglo-espagnole, la guerre de Dévolution, la guerre de Hollande, la guerre de la Succession d'Espagne.

La France est en guerre avec l'Espagne depuis 1635. En 1648, lors des conférence de la paix en Westphalie à Munster, le plénipotentiaire  espagnol, le  comte de Penaranda, a refusé de signer l'accord final du 24 octobre 1648 car il espérait que la Fronde obligerait la régente et Mazarin à accepter les conditions du gouvernement de Madrid, c'est-à-dire la restitution de tous les territoires occupés par la France en Catalogne et aux Pays-Bas depuis le début des hostilités. Or la régente Anne d'Autriche jugeait cela inacceptable.

Cette guerre contre l'Espagne amène le Régiment sous la direction du marquis de Saint-Viance à combattre en Flandre. Mazarin s'est allié à Cromwell (cédant le port de Dunkerque à l'Angleterre) et Turenne, à la tête d'une armée coalisée de huit mille fantassins et de cinq mille cavaliers, vainc à la BATAILLE DES DUNES (14 juin 1658) l'armée espagnole forte de quatorze mille hommes dont la cavalerie  est  aux  ordres  de  Condé,  passé à l'ennemi. DUNKERQUE est reprise. BERGUES, GRAVELINES, DIXMUDE tombent.

C'est surtout un succès stratégique : Dunkerque prise le 23 juin, la Flandre maritime envahie, le gouvernement de Madrid se décide à négocier la paix à des conditions raisonnables (traité des Pyrénées en  1659).

Resté en Flandre, le Régiment subit le 20 juillet 1660 la réorganisation prescrite par Louis XIV et ne subsiste alors que la compagnie "colonelle" détentrice de la Cornette Blanche.

En 1665, à la mort de Philippe IV, débute la guerre  de  Dévolution.  Cette  guerre  est prévisible. En effet, dès 1660, Louis XIV prépare activement la succession espagnole. Il réclame une part de l'héritage pour son épouse Marie-Thérèse, fille aînée du premier mariage de Philippe IV ; il entend tirer parti des ambiguïtés du traité des Pyrénées et du non-paiement de la dot de la reine Marie-Thérèse qui rend caduque, selon lui, la renonciation de celle-ci à l'héritage paternel.

Avant même la mort de Philippe IV et en prévision de la mort prochaine du futur Charles II, fils de Philippe IV, Louis XIV propose à l'empereur d'Autriche Léopold, dont les droits sont comparables aux siens, le partage des possessions espagnoles. Léopold hésite à accepter.

A la mort de Philippe IV, la reine régente d'Espagne refuse le bien-fondé des revendications françaises. Ainsi, Turenne et Louvois préparent une invasion des Pays-Bas. Turenne pénètre en Flandre et s'empare des principales forteresses espagnoles tandis que Condé envahit la Franche-Comté. Rétabli le 5 décembre 1665, sous les ordres de Renty, Colonel-Général prend part à la campagne de Flandre et participe aux prises de TOURNAI, LILLE et CAMBRAI.

La paix d'Aix-la-Chapelle (mai 1668) met fin à cette guerre. Le Régiment tient garnison à Audenarde. Les régiments de cavalerie recréés en fonction des nécessités du moment manquent de cohésion et d'efficacité. Louis XIV les réduit à des compagnies, et confie à Turenne la mission de former soixante-six escadrons de deux compagnies qu'il reconstituera en régiment dès que leur instruction sera suffisante.

En 1672, le Régiment est à nouveau en campagne. La guerre de Hollande oppose la France à une alliance anglo-hollandaise destinée à arrêter la progresion française aux Pays-Bas. L'Angleterre et les Provinces-Unies redoutent l'annexion des Flandres par Louis XIV. Colonel-Général passe l'hiver à Utrecht, assiste en 1673 au siège de MAESTRICHT et rejoint le maréchal de Turenne sur le Rhin où se trouve une armée réduite, chargée de couvrir sur le Rhin l'invasion de la Franche-Comté. Colonel-Général combat à SINTZHEIM où son glorieux chef charge à la tête de ses escadrons.

En janvier 1675, le Régiment participe à la victoire de Turenne à TURCKHEIM et à ALTENHEIM ; Turenne obtient l'évacuation des impériaux (troupes de l'empereur d'Autriche) de l'Alsace. Turenne poursuit au-delà du Rhin. Le 26 juillet 1675, à SASBACH, il est mortellement atteint par un boulet. Le 24 septembre, le neveu du maréchal, le comte de La Tour d'Auvergne hérite du titre.

Colonel-Général est envoyé en Flandre. Il participe à la bataille de SAINT-OMER au cours de laquelle les troupes du duc d'Orange sont enfoncées. En août 1678, la paix de Nimègue est signée. Louis XIV est au faîte de sa gloire et la France à l'apogée de sa puissance.

A l'automne 1678, la cavalerie française est remise en ordre. Elle compte quatre subdivisions (Maison du Roi, Gendarmerie de France, Cavalerie légère. Dragons) et est forte d'environ soixante mille trois cents hommes (un quart de l'armée).

Interprétant abusivement certaines clauses du traité de Nimègue, Louis XIV fait occuper plusieurs territoires dont la Sarre, Montbéliard, une partie du Luxembourg et Strasbourg. Guillaume d'Orange, inquiet des ambitions de Louis XIV, constitue une ligue défensive : la Ligue d'Augsbourg. La France combat l'Europe presque tout entière (Provinces-Unies, Espagne, Suède, Angleterre et Savoie). Colonel-Général est cité deux fois à l'ordre de l'Armée pour ses actions à HEIDESHEIM et à STEINBACH.

La mort de Charles II, décédé sans descendance en 1700, ouvre la succession du trône d'Espagne, à laquelle peuvent prétendre à égalité de droits les descendants de Louis XIV et de Joseph 1er de Habsbourg.

Face à la Grande Alliance (Angleterre, Hollande, Empire, Portugal et Danemark), les troupes franco-bavaroises sont engagées au printemps 1702. Colonel-Général est envoyé en Italie. Il s'illustre  à LUZZARA (1702) et participe en 1706 au siège de TURIN. Fort de trois escadrons et placé en première ligne, il se distingue  à  la bataille  de  CALCINATO (19 avril). La victoire de CALCINATO rejette les Impériaux au-delà de l'Adige, et le duc de Vendôme repartit son armée le long de ce fleuve. Mais  les  Impériaux  reprennent TURIN (7 septembre 1706). Colonel-Général est au plus fort de la mêlée. L'armée française se retire sur la rive droite du Pô. La panique s'empare des troupes et l'armée française prend dans le plus grand désordre la route des Alpes.

Réorganisé, le Régiment est envoyé en Flandre où il se bat de 1707 à 1712 au sein de l'armée de Vendôme. Il est en première ligne lorsque l'armée française s'empare de BRUGES et de GAND (7 juillet 1708).

Le 11 septembre 1709, à MALPLAQUET, l'ennemi attaque les lignes françaises qui se battent magnifiquement mais, submergées par le nombre, se replient.

Le 24 juillet 1712, Colonel-Général est à DENAIN et contribue à cette victoire qui brise net l'offensive en direction de Paris. Le 11 avril 1713 la paix d'Utrecht est signée, mettant fin à douze années de guerre.

Le premier septembre 1715, à soixante-dix-sept ans, après cinquante-quatre ans de règne, Louis XIV meurt.  

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