Le Régiment du Vicomte de Turenne |
27 juillet 1675, Mort du Maréchal de Turenne |
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Vainqueur à la bataille de Turckheim en janvier 1675 après une rude campagne d'hiver dans les Vosges, en Alsace et en Lorraine, Turenne soppose en juillet sur le Rhin au célèbre général impérial Montecuculli, et renouvelle ses savantes manoeuvres de la brillante campagne de 1674. Après avoir empêché son adversaire de passer en Alsace, il l'entraîne à sa suite sur la rive droite du fleuve, se fortifie six semaines dans l'Ortenau, culbute l'ennemi le 15 juillet et s'apprête à l'attaquer à nouveau en pleine retraite avec la perspective dun succès certain près de Salzbach dans le grand-duché de Bade. Le 27 juillet, à la pointe du jour, Turenne forme près de Salzbach son armée en bataille et envoie le jeune Saint-Hilaire reconnaître des positions favorables pour lartillerie, que commande son père. Une fois ses dispositions prises il sen montre satisfait et va sasseoir au pied dun arbre, sur lequel il fait monter un vieux soldat quil charge de lui signaler ce quil verra de lennemi. Apprenant peu après que Montecuculli fait filer ses bagages par la montagne, il juge que son adversaire sapprête à se dérober et il écrit au Roi quil prend ses dispositions pour lattaquer pendant ce mouvement. A deux heures de laprès-midi, la direction prise par une colonne ennemie confirme cette appréciation et Turenne qui avait ordonné à M. de Roze daller surveiller cette marche, est bientôt instamment prié par ce dernier de venir se rendre compte par lui-même de ce qui se passe. Turenne monte alors à cheval et gagne laile droite de son armée. « En chemin, raconte Saint-Hilaire qui laccompagnait, il aperçut mon père, et vint à sa rencontre. Lorsquil leut joint, il lui demanda ce que cétait que cette colonne pour laquelle on le faisait venir. Mon père la lui montrait, quand malheureusement deux petites pièces tirèrent ; un des coups séchappa, passant sur la croupe du cheval de mon père, lui emportant le bras gauche, le haut du col du cheval de mon frère, et frappa M. de Turenne au côté gauche. Il fit encore une vingtaine de pas sur son cheval et tomba mort. Ainsi finit ce grand homme » Il avait soixante-quatre ans. On couvrit le corps du Maréchal dun manteau et on le porta dans sa tente afin de tenir sa mort secrète. Mais larmée connut bientôt le coup qui lavait frappée, et un transfuge alla lannoncer à lennemi. Les soldats de Turenne irrités par les cris de joie et le bruit des musiques venues du camp adverse, voulaient venger leur chef et demandaient quon les menât au combat. Rien nétait prévu pour assurer le commandement en cas de malheur. Dans ce désarroi on décida de repasser le Rhin. Larrière-garde, sous la conduite du comte de Lorges neveu de Turenne, soutint un combat acharné le 1er août près d'Altenheim. Montecuculli dut abandonner le champ de bataille y laissant deux mille des siens, un grand nombre de drapeaux, sept canons, et larmée de Turenne libre de se retirer derrière le fleuve. Turenne avait été le plus grand tacticien de son siècle. Calme et impassible, maître de lui-même, n'abandonnant rien au hasard, il était avare du sang de ses soldats. Il calculait tous ses mouvements et déployait avant de combattre tout ce que l'art et l'expérience la plus consommée peuvent offrir de ressources. Il avait l'habileté stratégique qui prépare le succès et la prudence qui évite les revers. Montecuculli, son adversaire, s'était écrié le 26 juillet :" Il est mort aujourd'hui un homme qui faisait honneur à l'homme. ". Le Duc d'Aumale dira de Turenne : " Chez lui chaque jour marque un progrès; aucune leçon n'est perdue. La prudence était de son tempérament; la réflexion lui donna l'audace. » Le Monument qui fut élevé en mémoire du Maréchal de Turenne à Salzbach
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